dimanche 27 avril 2008

Histoire Secrète de la Cour de Berlin. Ou Correspondance d'un Voyageur François, depuis le 5 Juillet 1786 jusqu'au 19 Janvier 1787

[Alençon, chez Malassis], 1789.

Auteur : [Mirabeau (Honoré Gabriel Riquetti, Cte de)]

Deux vol. de XVII-318 et 376 pp.
Première édition, publiée en janvier 1789 par Le Jay et imprimée à Alençon par Malassis. Les circonstances de cette publication restent assez troubles et Mirabeau nia toujours en être à l'origine. Cependant il semble bien qu'il avait accepté une mission secrète en Prusse, dont le but était de renseigner la France sur les conséquences de la mort de Frédéric II. Cette relation, remplie de portraits satiriques, fit scandale. Elle fut saisie et brûlée en place publique conformément à l'arrêt du Parlement du 10 février 1789, Louis XVI pensant devoir donner satisfaction au corps diplomatique prussien, offusqué.
Barbier II-831 a - Quérard, Supercheries II-1158 f. : «Ce livre fut condamné, par arrêt du 10 février 1789, à être lacéré et brûlé auprès du Grand Escalier par la main du bourreau.» - Caillet 7588 : «Contient des révélations fort curieuses sur la Franc-Maçonnerie au XVIIIe siècle et particulièrement en Prusse. Mirabeau fut initié de bonne heure à la Maçonnerie. Cet ouvrage par ses révélations indiscrètes fut condamné à être brûlé de la main du bourreau» - Peignot, Dictionnaires des livres condamnés au feu, I, 322 : «Ce libelle a été brûlé par la main du bourreau: il provoqua des plaintes très vives contre l'auteur qui en fit une espèce de désaveu, au moins quant à la publicité et à la forme».

Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, plus communément appelé Mirabeau, né le 9 mars 1749 au Bignon-Mirabeau, mort le 2 avril 1791 à Paris, fut simultanément ou successivement révolutionnaire, écrivain, diplomate, franc-maçon, journaliste et homme politique français.

Surnommé l’Orateur du Peuple et la Torche de Provence, il reste le premier symbole de l’éloquence parlementaire en France.

Il fut caractérisé par une «laideur grandiose et fulgurante». Il naquit avec un pied tordu, deux grandes dents et surtout une tête énorme, ce qui a fait dire qu’il était hydrocéphale. À l’âge de trois ans, il fut défiguré par une petite vérole mal soignée. Son enfance fut marquée par la sévérité de son père.

En 1768, il est incorporé à un régiment mais contracte des dettes, ce qui provoque de nouveau la colère de son père. Il gagne une réputation de libertinage.

Après avoir participé à la campagne de Corse en 1768-1769, il épousa Émilie, fille du puissant marquis de Marignane, qui avait refusé sa main au comte de Valbelle. Ils eurent un fils mort en bas âge.

Son épouse demanda la séparation de corps en 1782 et fut défendue par celui qui deviendra par la suite l’un des rédacteurs du Code Civil : Jean Étienne Marie Portalis. Mirabeau défendit sa propre cause dans ce procès, qu’il perdit par ailleurs, tenant à jamais rancune contre Portalis.

Pour le soustraire à ses créanciers, son père le fit plusieurs fois enfermer au fort de Vincennes, et finalement exiler au château de Joux, dans le Doubs, d’où il s’enfuit aux Provinces-Unies avec Marie Thérèse Sophie Richard de Ruffey, épouse du marquis de Monnier, le président de la Cour des Comptes de Dole.

En 1776, dans sa fuite, il publie son Essai sur le Despotisme, qui dénonce l’arbitraire du pouvoir royal :

Le despotisme n’est pas une forme de gouvernement (...) s’il en était ainsi, ce serait un brigandage criminel et contre lequel tous les hommes doivent se liguer.

Mirabeau fut condamné à mort par contumace, puis extradé et emprisonné au château de Vincennes, de 1777 à 1780. Il y écrivit des lettres, publiées après sa mort sous le titre de Lettres à Sophie, chef d’œuvre de la littérature passionnée, ainsi qu’un virulent libelle contre l’arbitraire de la justice de son temps, Des Lettres de Cachet et des Prisons d'État.

Le 7 mai 1789, le journal publié depuis le 2 mai par Mirabeau (Le Courrier de Provence) est saisi. Une interdiction de publier des comptes-rendus des séances des États Généraux est édictée. Mirabeau n’en tint pas compte et continua à publier le compte-rendu des séances de l’Assemblée, ainsi que les analyses sur les questions politiques à l’ordre du jour, d’abord sous le titre Lettres du comte Mirabeau à ses Commettants du 10 mai au 25 juillet 1789, puis sous le titre Courrier de Provence, qui parut, encore après la mort de son fondateur, jusqu’au 30 septembre 1791.

Mirabeau sortit de Vincennes et se présenta en Provence aux élections des États Généraux de 1789. Repoussé par la noblesse, il publia un discours véhément adressé aux nobles provençaux. Il est alors nommé par le Tiers Etat, à Aix et à Marseille. Il ne tarda pas à devenir l’un des plus énergiques orateurs de l’Assemblée Nationale. La dégradation de la monarchie détermina son revirement politique. Il était devenu le plus solide appui de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

Il mourut à Paris, le 2 avril 1791, d'une maladie que certains attribuèrent à un empoisonnement. Mais sa vie débauchée est considérée comme la raison de sa mort. Son corps, transporté en grande pompe au Panthéon de Paris, y resta jusqu’au 21 septembre 1794. Mais la découverte de l’armoire de fer, en novembre 1792, révéla qu’il avait pris clandestinement contact avec le roi et sa cour. Espérant être ministre de la monarchie constitutionnelle, il avait prodigué ses conseils et donné des informations.