samedi 11 octobre 2008

La Philosophie Occulte ou la Magie …

… Divisée en Trois Livres et Augmentée d'un Quatrième, Apocryphe attribué à l'Auteur. Précédée d'une étude sur la vie et l'œuvre de l'Auteur et ornée de son portrait. Première traduction française complète.

Paris, Bibliothèque Chacornac, 1910.

Auteur : Henri Corneille-Agrippa

2 vol. in-8 de XXX-447 pp. et de 296 pp.-48 pp., broché, couverture imprimée en caractères rouges et noirs.

Henri Corneille Agrippa de Nettesheim (1486-1535), dit Cornelius Agrippa ou encore Agrippa de Nettesheim, est considéré comme un savant occultiste ou ésotériste.
Le véritable nom de sa famille est Cornelis; il y joignit Agrippa, tiré de l'ancien nom de Cologne (Colonia Agrippina), son lieu de naissance, et y ajouta ab Nettesheim, ce qui donne en latin, avec le nom de baptême, Henricus Cornelius Agrippa ab Nettesheim. En français il fut appelé tantôt Cornille Agrippa, tantôt Corneille Agrippa, ou C. Agrippe.
Il naît à Cologne, le 14 septembre 1486. Il fait des études en lettres (1502), sans doute en médecine, en droit et en théologie : il est "docteur ès-lettres et docteur en médecine de Cologne-sur-le-Rhin". Il se lance dans une expédition militaire en Espagne en 1508, au service de Ferdinand II d'Aragon et se sert d'explosifs. En l'honneur de Marguerite de Bourgogne, il rédige un traité en latin intitulé De la Noblesse et Préexcellence du Sexe Féminin (1509). Il fonde à Avignon et Paris une association d'amis (dont Charles de Bovelles et Jacques Lefèvre d'Étaples font partie), qui pratiquent l'alchimie. Il enseigne à Dole la kabbale chrétienne de Johannes Reuchlin, ce qui le fait accuser d'hérésie. En Angleterre, il fréquente les grands savants humanistes, dont John Colet. En Allemagne, il rend visite au fameux abbé ésotériste Jean Trithème, auquel il montre sa De la Philosophie Occulte (1510). Il entre au service de l'empereur Maximilien Ier, un Habsbourg, comme militaire (1511), pour escorter des cargaisons d'or et attaquer Venise. Il donne des conférences sur le très ésotérique Poimandrès du Corpus Hermeticum, à Pavie. En 1518, le voici conseiller municipal et avocat à Metz, alors ville impériale; il défend une femme accusée de sorcellerie en avançant l'excuse de la sénilité, ce qui l'oblige à fuir. En Suisse, à Genève (1521), Berne, Fribourg (1523), il exerce comme médecin (1522) et publie des calendriers astrologiques (1523). Il vient, en 1524, se fixer à Lyon comme médecin, appelé par Marguerite d'Orléans, sœur de François Ier. Il est nommé peu après médecin personnel (et donc astrologue) de la Reine-Mère Louise de Savoie, mère de François Ier. Il perd son poste en refusant d'établir l'horoscope de François Ier, pratique qu'il juge superstitieuse. En 1526, il rédige un fort volume intitulé De l'Incertitude et Vanité des Sciences. Le voici fidéiste, hostile à la magie, mais son scepticisme le fera condamner par la Faculté de théologie de Louvain et par la Sorbonne (1531). Il part à Anvers (1528), il combat la peste. Il devient archiviste-historiographe au service de la princesse Marguerite d'Autriche (1480-1530), gouvernante des Pays-Bas. Il se marie pour la troisième fois. Il semble avoir de plus en plus d'attirance pour le luthéranisme. L'archevêque de Cologne, Hermann von Wied, le protège quelques temps. Rentré en France il est mis en prison pour avoir écrit contre la Reine-Mère (qui ne le payait pas). Il meurt, peu de temps après avoir recouvré sa liberté, dans un hôpital de Grenoble, le 18 février 1535.
Il parlait huit langues (allemand, français, italien, espagnol, anglais, latin, grec, hébreu). Il maîtrisait au moins autant de disciplines : astrologie, magie, lettres classiques, médecine, droit, théologie, philosophie, science de la guerre, science des explosifs, kabbale chrétienne, exégèse, diplomatie, crytographie, espionnage, enseignement. Un vrai génie de la Renaissance, comme Léonard de Vinci, Pic de la Mirandole, Jérôme Cardan, etc.
Lors de l'effervescence qui suivit la parution en 1614-1615 des manifestes Rose-Croix, mystérieuse fraternité de sages qui se présentait comme fondée depuis près de deux siècles, l'anglais Robert Fludd, un de leurs principaux partisans, a soutenu l'idée qu'Agrippa en avait été membre. Il se référait, pour appuyer ses dires, à cette phrase d'Agrippa :
Il existe aujourd'hui quelques hommes remplis de sagesse, d'une science unique, doués de grandes vertus et de grands pouvoirs. Leur vie et leurs mœurs sont intègres, leur prudence sans défaut. Par leur âge et leur force ils seraient à même de rendre de grands services dans les conseils pour la chose publique; mais les gens de cour les méprisent, parce qu'ils sont trop différents d'eux, qui n'ont pour sagesse que l'intrigue et la malice, et dont tous les desseins procèdent de l'astuce, de la ruse qui est toute leur science, comme la perfidie leur prudence, et la superstition leur religion.
Cette idée reste courante dans les milieux rosicruciens, même si pour les historiens, l'ordre des Rose-Croix est une fiction littéraire du début du XVIIe siècle.