vendredi 13 juin 2008

Cagliostro (Joseph Balsamo). La Franc-Maçonnerie et l'Occultisme au XVIIIe Siècle

Paris, Société Française d'Imprimerie et de Librairie, 1904.

Auteur : Henri d'Alméras

In-12 de 386 pp.

La vie de Cagliostro est mal connue. Né à Palerme, le 2 juin 1743, de Pietro Balsamo et Felicita Bracconieri, il vécut dans une humble famille et prit l'habit des Frères de la Miséricorde, religieux soignants, devint infirmier, puis médecin. Chassé de sa communauté pour indélicatesses, accusé d'escroquerie, il fut obligé de bonne heure de quitter sa patrie et parcourut sous des noms différents la Grèce, l'Égypte, l'Arabie, la Perse, l'île de Malte, Naples, Rome, et presque toutes les villes de l'Europe. Il acquit dans ses voyages la connaissance de quelques secrets alchimiques et médicinaux, et se fit une grande réputation par des cures merveilleuses. Il arriva en France en 1780, se fixa pendant quelque temps à Strasbourg, où il fut reçu avec enthousiasme, puis vint à Paris où il n'excita pas moins l'admiration, et fut quelque temps à la mode dans la haute société. Il se présenta au public aristocratique en thaumaturge et en initié sous le patronage d'un grand seigneur, le cardinal de Rohan, prince-évêque de Strasbourg, grand aumônier de France, spéculateur averti, qui avait pressenti le parti qu'il pourrait tirer du "mage".
Cagliostro se prétendait le disciple du comte de Saint-Germain, aventurier mystérieux, qui, à Versailles, où il avait brillé vers 1750-1760, s'était déclaré immortel. Il disait aussi posséder une eau de jouvence, sérum de perpétuelle jeunesse qu'il vendait aux crédules. Il vendait à chers deniers différents élixirs, des pilules, faisait des tours de magie et de sorcellerie, et il prétendait avoir le pouvoir de faire apparaître les morts. Il importa en France la Franc-Maçonnerie dite égyptienne (de Memphis Misraïm), dont le conseiller au Parlement, Jean-Jacques Duval d'Eprémesnil, et ses amis spéculateurs furent les zélateurs intéressés. Son succès, prodigieux dans la bonne société parisienne, s'explique par sa personnalité, parce que la Franc-Maçonnerie était à la mode, mais surtout parce qu'il avait derrière lui une demi-douzaine de gentilshommes qui spéculaient sur les effets que ses pouvoirs produiraient sur une société aristocratique fortunée et blasée. En 1785, la carrière de ce sorcier de salon fut brisée par l'escroquerie connue sous le nom d'Affaire du Collier de la Reine, dans laquelle il se trouva entraîné par le cardinal de Rohan. Il fut incarcéré à la Bastille, mais, soutenu par Jacques Duval d'Eprémesnil, défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier, il fut bientôt expulsé de France (1786). Il se retira en Angleterre, puis alla en Suisse et enfin en Italie. Revenu en Italie, il erra dans diverses villes avant d'être arrêté par la Sainte Inquisition en 1789 comme suspect de pratiquer la Franc-Maçonnerie. Il y fut jugé et condamné par la justice pontificale, en 1791, à la peine de mort, peine qui fut commuée en une prison perpétuelle. Il mourut en 1795, à la Rocca di San Leo, près d'Urbino dans la région des Marches (Italie).
La plupart ne voient dans Cagliostro qu'un adroit charlatan; quelques uns le regardent comme un homme vraiment extraordinaire, un véritable thaumaturge, doué du don de prédire. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il produisait des effets surprenants, et qu'il vivait toujours dans une grande opulence. On a supposé qu'il était l'agent d'une société secrète de Francs-Maçons qui pourvoyait à ses dépenses. On a publié à Rome, en 1790, une Vie de Cagliostro, extraite des pièces de son procès; elle a été traduite en français.