dimanche 27 juillet 2008

Almanach de la Main pour 1867

Paris, Librairie du Petit Journal, 1867.

Auteur : Adolphe Desbarolles

Petit in-16 de 155 pp. + 5 pp. de catalogue d'éditeur.
Ouvrage orné de nombreuses gravures explicatives. On y retrouve : Le calendrier pour l'année 1867 - La divination - Expériences et éclaircissements sur les tables tournantes - Evocation des esprits - Les esprits du Nord - Chiromancie populaire - Etudes phrénologiques - etc.

Notre exemplaire provient de la bibliothèque de Marius Boisson.
On sait que Marius Boisson (1881-1959) fut l'ami et le secrétaire de Hugues Rebell. Avant 1914, il met son érudition et son talent au service de productions littéraires parfois commerciales : érotisme, sado-masochisme, anthologie des baisers. Il fit tous les petits métiers, fut journaliste et fréquenta les bibliothèques. Après la grande guerre, il est l'auteur d'un classique, Les Compagnons de la Vie de Bohème (Taillandier, 1929) mais aussi de plaquettes de vers, comme Canzonettas (Crès, 1927). Les poèmes qui y sont réunis datent, d'après l'auteur, de 1896 à 1901. Mais il n'indique pas les références antérieures de publication. En 1905, de manière confidentielle, Boisson avait déjà publié, chez Petit, des Sonnets épars, qu'il datait de 1897 à 1900, mais n'avaient rien à voir avec les Canzonettas… Le plus étrange est que Marius Boisson affirme avoir rencontré Apollinaire «vers 1902», lequel aurait été influencé par La Mort de Fanny et Le Stock «pour renouveler sa poétique», c'est-à-dire en empruntant à la complainte populaire sa technique. Il est vrai que Laforgue y avait songé avant Marius Boisson. Il est certain que les deux auteurs, Apollinaire et Boisson, se côtoyèrent dans le milieu des Argonautes de Camille Lemercier d'Erm, dont la revue inséra, dans le même numéro, en 1910, des poèmes de l'un et de l'autre. Il resterait à prouver qu'Apollinaire avait pu lire La Mort de Fanny (dans quelle revue?) avant 1903. En 1912, c'est Fernand Divoire qui dresse, dans une Silhouette de L'Intransigeant du 29 janvier, le portrait d'un Marius Boisson qui «à trente ans, a écrit trente volumes».
Voici comment, dans sa préface à Canzonettas, Boisson parle d'Apollinaire :
[...] J'étais un bien étrange enfant lorsque j'écrivis, au rythme de vieilles complaintes françaises, ces chansonnettes pâlotes et désuètes. Je m'examine, de loin, avec assez de sympathie, comme un inconnu; c'est un peu un petit confrère que je prends par l'épaule pour le promener et vous le présenter. Il a dans les mains quelques pétales desséchés, ses chansons de gamin de Paris, ses odelettes de la quinzième année, rimées en pleurnichant. Et puis, entre nous, notre gros Apollinaire n'a pas tout inventé. Ce charmant garçon, dont le talent fut quelquefois personnel, se voit décerner du génie par les intellectuels étrangers; s'il a eu du génie, j'en eus avant lui, une infime parcelle pour le moins, car il a connu, vers 1902, mes deux poèmes, La Mort de Fanny, et Le Stock, et il s'en est servi pour renouveler sa poétique. Il l'a avoué lui-même au poète Le Mercier d'Erm, en 1910. Lorsque nous nous rencontrions, son visage prenait une expression sérieuse et pensive. Pas une fois il ne cita mon nom dans ses articles. Un matin de mai 1914, je l'aperçus au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue de Seine; il avait un filet à provisions et me parut acheter aux marchandes à la voiture. Son regard croisa le mien, il eut un recul brusque et se défila d'une patte légère. Pauvre Apollinaire!… Je ne devais plus le revoir jamais; je parle de lui aujourd'hui un peu moqueusement, mais sa gloire, vous le pensez bien, ne me gêne pas; il est mort, il l'a bien gagnée.