dimanche 11 mai 2008

Jacob Böhme. Eine Gedankenreihe über das im Leben der Menschheit sich gestaltende religiöse Moment


Heidelberg, bei J. C. B. Mohr, 1835.

Auteur : August Ernst Umbreit

In-12 de VI-122 pp.

L’enseignement initiatique de Jacob Böhme le fait figurer parmi les plus grands initiés de la Rose-Croix. Cet enseignement à été à l’origine de l’école occultiste de la franc-maçonnerie, peu de temps après sa création au 18ème siècle. On retrouve ainsi dans ses écrits des idées qui seront reprises par Martines de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin et Willermoz.
Né en Silésie, à Görlitz en 1575, Jacob Böhme apprenait le métier de cordonnier, lorsqu’un jour un mystérieux personnage, que certains disent être Rose-Croix, lui dit ceci: «Jacob, tu es petit, mais tu deviendras grand et un autre homme, tel que le monde en sera étonné. C’est pourquoi sois pieux, crains Dieu et honore ses paroles, et surtout lis volontiers les Saintes Ecritures, où tu trouveras consolation et enseignement, car tu auras à souffrir beaucoup de misères et de persécutions; mais sois tranquille et ferme, car tu es aimé de Dieu et il a pitié de toi».
De son œuvre, il faut retenir essentiellement, Aurore naissante, De Signatura Rerum et Le Mysterium Magnum. Böhme recherche la manifestation du divin dans l’homme, comme le feront plus tard Martines de Pasqually et Louis-Claude de Saint-Martin (l’école occultiste de la franc-maçonnerie lyonnaise). D’où tient-il sa connaissance ésotérique ?
Dieu m’a donné la connaissance. Ce n’est pas moi qui suis Moi, qui sais ces choses, mais Dieu les sait en moi… Puisque c’est lui qui enfante, ce n’est pas moi qui les fais, mais Lui en moi; je suis comme mort pendant cette parution de la sublime sagesse.

C’est dans l’âme qu’il faut chercher l’image de Dieu unique sans commencement ni fin :
Parler de la naissance de Dieu, en prenant ces mots à la lettre, c’est parler le langage du Diable. Car c’est dire que la lumière éternelle a jailli des ténèbres et que Dieu a eu un commencement… Les ténèbres ne sont pas l’éclat de la lumière.

La doctrine de Jacob Böhme est symbolique et assez complexe. L’univers, selon Boehme, fut créé selon la description du Prologue de l’évangile selon Saint Jean. Dieu le créa par son Verbe ou sa Parole. Il est triple, dès l’origine, et comprend, dans sa sagesse, les êtres individuels. Böhme comprend Dieu comme la représentation de trois principes qui deviennent des consciences : le Père, premier principe, est le feu de la colère et de l’action.
Il est ma conscience de l’Infinie activité vitale. Il veut la vie comme réalisation de l’idée et veut engendrer la Parole.

Le Fils est conscience du deuxième principe, il est Amour et Lumière. Il est acte réalisé. Le Saint-Esprit, le troisième principe, est la troisième conscience qui concilie les deux premières. C’est le lien entre l’idée et l’acte. Dieu a créé l’Univers avec les matériaux de la Nature éternelle en faisant jouer à la fois le Bien et le Mal. Böhme représente symboliquement la création du Monde par l’action de sept forces ou formes, à la façon de la Kabbale et de son arbre séphirotique. Le monde créé révèle progressivement sept caractéristiques. La première est la dureté, qui est la conception que Dieu a de Lui-même. Elle est suivie de l’attraction, et de la crainte qui est le résultat des deux premières. La quatrième est l’allumage du feu qui est à la base de la vie sensitive et intellectuelle. Ce feu émet la lumière Amour, qui dissipe les ténèbres de l’individualisme des quatre premières caractéristiques (la dureté, l’attraction, la crainte, l’allumage du feu). La sixième est le pouvoir divin de la parole, et la septième est la parole elle-même. Chacune des sept caractéristiques est présente dans chaque créature et réfléchit son opération de toute éternité. L’être humain, créé à l’image de Dieu, est donc fait de feu et de lumière. Du côté gauche se place le ternaire du Fils : Lumière, Gloire, Amour. La septième force est le Saint-Esprit qui unit et équilibre les deux ternaires. L’âme humaine est entraînée dans le courant de feu de la nature éternelle et doit retourner à sa source comme une lumière, comme amour. Mais les anges rebelles de Lucifer ont détruit l’équilibre entre le Bien et le Mal de cette première création de Dieu. Le Plérôme n’est plus Royaume de Lumière mais monde informe et terrifiant. Par une nouvelle création, faite en 6 jours, Dieu donne vie à Adam, androgyne (tous les récits traditionnels disent qu’à l’origine l’être humain était masculin et féminin). Mais, comme Lucifer, Adam tombe, perd la vierge éternelle qui lui donne Eve pour femme. Adam engendre alors l’humanité malheureuse qui attend le retour à l’harmonie première qu’apportera le Christ, né de la Vierge éternelle :
L’universel est paradisiaque et le Christ n’est descendu dans l’humanité que pour vivre et manifester le paradis en l’homme. Le Verbe prononciateur du Christ a opéré des miracles par le Verbe prononcé dans l’humanité et par les sept formes, avant que l’universel fût entièrement manifesté dans l’homme et le corps purifié.

Nous retrouvons la Genèse sous une forme symbolisée où se mêlent des interprétations de la Kabbale et de l’alchimie. Le Retour à l’Unité (on retrouve la doctrine de la réintégration de Martines de Pasqually) est le sujet qui occupe la plus grande partie de l’enseignement de Böhme. Tous les êtres sont créés dans et par le Verbe de Dieu et se trouvent reflétés dans la parole humaine. C’est à cause de la relation étroite qui existe entre le microcosme et le macrocosme que la parole de l’être humain doit être prononcée avec précaution. L’être humain parle et possède le pouvoir créateur de sa parole. L’imagination est l’aspect par lequel l’être humain oriente sa conscience. Cet aspect est normalement neutre. Il développe l’impression dans l’être humain. La Magie commence là où s’arrête l’imagination. La magie est le pouvoir qui transperce l’imagination pour arriver au Mysterium Magnum, au Grand Mystère. La recherche et la découverte de la Magie forme «la meilleure théologie, dans laquelle on découvre le fondement de la Foi». C’est dans la fondation de la Magie éternelle que sont créées les choses de par elles-mêmes à partir de rien. Elle fait Quelque Chose à partir de Rien, et le fait en dehors de l’activité de la volonté dans l’être humain.
La volonté ne possède rien; il n’y a rien qui puisse lui donner quoi que ce soit. Il n’existe aucune lieu dans lequel la volonté puisse se découvrir elle-même, ou se reposer.
(Mysterium Pansophicum)

Pour cela, en ce qui concerne l’être humain, ce n’est que lorsque la volonté humaine, son désir, sa capacité de créer en dehors du Grand Plan du Créateur, auront été totalement soumis, que la création du Verbe peut avoir lieu, et que son mariage avec la Sagesse Divine, la Theosophia, ne sera entièrement consommé.