dimanche 27 avril 2008

Lettres Cabalistiques ou Correspondance Philosophique, Historique & Critique entre deux Cabalistes, Divers Esprits Elémentaires & le Seigneur Astaroth


A La Haye, chez Pierre Paupie, 1754-1769.

Auteur : [Jean-Baptiste de Boyer, Marquis d'Argens]

7 vol. petit in-12. Très rare.
Edition complète de cet ouvrage curieux et éclectique, qui fut mis à l’index à partir de 1742. D’Argens fouille dans les sources les plus diverses pour attaquer toutes formes de religion et, surtout, les Jésuites. Considérations sur la Franc-Maçonnerie, la Kabbale, les Templiers, les Alchimistes, etc.

Jean-Baptiste de Boyer, Marquis d’Argens (1704-1771) était fils d'un procureur général. Il suivit la carrière des armes et eut une jeunesse fort licencieuse, ce qui le fit déshériter par son père. Blessé devant Philipsbourg en 1734, il quitta le service et se retira en Hollande, afin de pouvoir y écrire librement ses pamphlets. Il attira l'attention du roi de Prusse par ses attaques contre le christianisme. Ce prince l'appela à sa cour, en fit son chambellan avec 6.000 francs de traitement, et le nomma directeur général de son Académie. Après avoir vécu pendant 25 ans dans l'intimité de Frédéric II, le marquis d'Argens vint passer ses dernières années dans sa famille, à Aix. Il avait une instruction vaste et variée, et ses écrits sont inspirés par la philosophie sceptique de l'époque.
(source Wikipedia)
La Philosophie du Bon Sens est, sans aucun doute, son ouvrage le plus populaire. Salué dès sa parution par Voltaire, Kant y verra, quant à lui, au contraire une œuvre dangereuse, une grave atteinte d’un «libre penseur» aux droits de la raison pure. La Philosophie du Bon Sens n’offre pas un système de plus. Le mot est toujours péjoratif sous la plume de Boyer d’Argens, et une nouvelle manière de pratiquer la philosophie. Et cette nouvelle pratique philosophique a la portée d’une révolution. Voici que la République des lettres n’est plus un territoire fermé sur lui-même, assuré de ses frontières, mais se peuple de figures réfractaires à l’ordre du discours, cette police des lettres. Des verbes irréguliers venus de l’étranger donnent de la voix, défont les frontières. Un vent de Terre-Neuve souffle sur la philosophie qui la fait sortir de son sillon, épouser les courants du grand large. L’Egyptien, le Juif, le Chinois apportent la parole du dehors. L’auteur de La Philosophie du Bon Sens prête sa voix au beau sexe, cette éternelle figure de la minorité philosophique. Boyer d’Argens contraint la philosophie à accueillir en son sein ce dehors qu’elle avait voulu réduire au silence. La géographie se met à raconter des histoires de peuplades éloignées qui laissent la raison sans voix. L’histoire se met à parler égyptien et chinois, la religion en perd son latin. La philosophie se libère de son rêve majoritaire d’autonomie et de puissance et découvre son propre impouvoir. Si la philosophie des Lumières signifie l’entrée dans la majorité, alors ce qui fait la splendeur de La Philosophie du bon sens, son originalité et son importance, c’est justement le devenir minoritaire qui l’emporte et signe, dès 1737, le désaveu inouï des Lumières par elles-mêmes.
(Guillaume Pigeard de Gurbert in La Philosophie du Bon Sens, Terre d’Exil des Minorités)